Augmentation du seuil de douleur après un entraînement olfactif 

Il existe un lien entre la perception des odeurs et la migraine. En effet, certains patients sont extrêmement sensibles à certaines odeurs pendant une crise de migraine, tandis que d'autres voient leur crise déclenchée par des odeurs.

Les odeurs peuvent déclencher des crises de migraine, et de nombreux patients décrivent une osmophobie (aversion pour certaines odeurs) avant et pendant la crise, a rapporté PD Dr Gudrun Gossrau, Université de Dresde. Elle a interrogé 113 patients, dont 50 avec aura, sur leurs expériences avec les odeurs. Une personne sur trois s'est plainte de crises déclenchées par des odeurs, deux sur trois ont déclaré être particulièrement sensibles aux odeurs pendant les crises. L'éventail des odeurs perçues comme désagréables allait de la fumée de cigarette, des gaz d'échappement et des solvants aux odeurs de nourriture, de parfum et de fleurs.

Modifications du cerveau olfactif

Les patients souffrant d'osmophobie ressentaient leurs migraines comme particulièrement pénibles. Inversement, les patients dont la charge de morbidité était subjectivement élevée présentaient souvent une osmophobie. Une forte sensibilité aux odeurs pourrait être un marqueur de chronicité, a supposé le Dr Gossrau. Paradoxalement, les patients migraineux souffrant d'osmophobie n'ont pas un odorat particulièrement bon - au contraire : lors de tests olfactifs, ils ont même un moins bon odorat que les personnes en bonne santé. Cela vaut tout particulièrement pour les personnes souffrant d'aura, chez qui le seuil olfactif est encore nettement plus élevé que chez les patients sans aura.

À l'IRM, les neurologues de Dresde ont constaté chez les migraineux une atrophie (régression des tissus) accentuée à gauche dans le bulbe olfactif (bulbe olfactif, partie du cerveau olfactif). Il existe un lien fonctionnel étroit entre le système olfactif et le nerf trijumeau, a expliqué le Dr Gossrau. On trouve notamment des fibres trigéminales positives au CGRP dans l'épithélium olfactif.

Amélioration de l'odorat et diminution des crises

Les collègues ont examiné les effets de l'entraînement olfactif dans une étude contrôlée par placebo sur 80 patients migraineux. Le groupe sous traitement a suivi un entraînement olfactif à l'aide de bâtonnets à l'odeur agréable, tels qu'ils sont utilisés pour les tests olfactifs. Chaque patient a pu choisir trois parfums et a été invité à les renifler matin et soir pendant 20 secondes. Les paramètres de contrôle étaient le journal des maux de tête, les scores Midas et DASS, des tests sensoriels qualitatifs et un test de seuil olfactif, de discrimination et d'identification des odeurs. Au bout de trois mois, le groupe traité par le médicament a montré une augmentation significative du seuil de douleur dans les zones trigéminales et une nette amélioration de la capacité olfactive. Dans le groupe de contrôle, tous les tests sont restés inchangés. Chez les patients souffrant d'aura, l'entraînement olfactif a même réduit le nombre de crises.

Le Dr Gossrau espère que l'entraînement olfactif pourrait constituer une nouvelle forme de traitement non médicamenteux des maux de tête. Il lui semble en outre envisageable que l'entraînement régulier provoque une désensibilisation qui prévient la chronicité. Les résultats d'une autre étude indiquent que ces deux aspects ne s'appliquent pas seulement à la migraine, mais aussi à d'autres formes de céphalées.

Manuela Arand, rapport du congrès Neurowoche 2022